John Glacier, Ice cold

JOHN GLACIER - Like a Ribbon / Young / 2024

@Udoma Janssen

Pour sa première sortie chez Young, John Glacier nous offre un format court mais très riche qui annonce du très bon pour la suite.

Alors déjà pour commencer, John Glacier est une femme, certes le nom peut porter à confusion mais non, c’est une femme. C’est ce qu’on appelle un “nom de scène”, comme Johnny avec Johnny Hallyday par exemple. Elle s’était déjà bien faite remarquer auparavant sur ses premières sorties, mais c’est aujourd’hui depuis le label young (FKA Twigs, The XX) qu’elle sort son EP “Like a Ribbon”, un 5 titres qui ne dépasse pas les 13 minutes mais qui laisse une marque très forte (j’ai dû l’écouter 8 fois en 3 jours). C’est un personnage qui est déjà bien identifié dans la nouvelle scène UK, et même en dehors de la musique. Elle a notamment participé à la première campagne Burberry de Daniel Lee avec Shygirl, autre figure proéminente de cette scène musicale branchée (branchée ? really ??). Mais c’est sur le clip de Money Shows (en featuring avec Eartheater) qu’on la voit pour la première fois apparaître physiquement du côté musique. 

Enregistré dans les studios maison du label, elle s’entoure de jolis noms pour la production : Vegyn (dont la chronique d’album arrive bientôt), Kwes Darko (qui a collaboré avec Slowthai notamment) et aussi Flume (vous vous rappelez de ça ?). On se retrouve donc avec une très belle sélection de beats, assez lofi pour la plupart mais dégageant tous une grande chaleur et rondeur. On entend plusieurs fois de la guitare, en guise de build-up sur le premier titre “satellites” et sur le single “Money Shows”, sur lequel ça part même en saturation en deuxième partie. Les trois producteurs nous donnent une belle diversité de productions :  tantôt lofi hip-hop pur et dur, sur d’autres des nappes de synthés aériennes et uplifting (l’excellent synthé/flûte de Kwes Darko sur “Emotions”) et même une prod sur laquelle PNL pourraient rapper à 100% (Nevasure). 

Enfin, si tout ça marche bien, c’est avant tout grâce à John Glacier et sa voix très monotone, mais assurée, à la limite du spoken-word. Elle arrive sur des sons très courts à captiver et à délivrer des textes à la fois rêveurs et self-conscious, à la manière d’un Dean Blunt par exemple, qui je trouve rejoint bien la démarche de la musique de John Glacier (lofi, voix monotone, sons courts). Glacier, c’est pour sa froideur, elle admet être quelqu’un de froid aux premiers abords, ou alors si elle aime pas la vibe, ce qu’on a dû lui reprocher : “now they calling me a bitch / you best believe it / I’m as cold as the ice / when I don’t feel it”. Disons que les textes sont pas toujours ultra marrants, mais on sent que c’est quelqu’un de très absorbé par son art et de très sensible, bref une artiste. On a aussi un  “feeling like I’m never born”, ambiance grosse teuf là. J’adore son flow, calme, méthodique et presque poétique dans sa construction, je sais pas si je qualifierai ça de rap, dans l’esprit oui mais pas nécessairement dans la forme.

Bref, ces 13 minutes de musique sont très cohérentes et créent un ensemble très puissant, que l’on peut écouter et réécouter sans se lasser. J’ai très envie de suivre cette histoire. 

Si je peux d’ailleurs me permettre quelques recommandations annexes, je vous conseille Dean Blunt c’est vraiment dingue sa musique, ou sinon Mercury qui est aussi une rappeuse dans le style de John Glacier, avec des productions plus orientées club / hyperpop.

Vous pouvez écouter Like a Ribbon sur toutes les plateformes : Spotify, Apple Music, Deezer, Amazon Music, Youtube Music, Qobuz.

Précédent
Précédent

Retour en 2019 avec le spoken-word de Sinéad O’Brien

Suivant
Suivant

Mount Kimbie, jamais deux sans quatre