Go to the light

DANIEL AVERY - Ultra Truth / Phantasy Sound / 2022

C’est le nouveau phénoménal, freestyle du visage pâle, le babtou est de retour (vous l’avez ?). Bonne année à tous !!! On est de retour avec des critiques d’actualités car l’album dont on va parler aujourd’hui date de … 2022 !

Ultra Truth, dernière sortie de Daniel Avery à la fin de l’année dernière, est pas passée inaperçue du tout, loin de là. J’avoue que j’ai pas du tout accroché au départ, disons que je m’attendais à un truc qui ressemblerait plus à son excellent premier album Drone Logic, qui est un classique absolu de l’électro des années 2010, un truc qui tappe bien fort et qui fait danser à fond. Mais non, c’est un tout autre univers qui s’ouvre à nous sur cet opus, et c’est une expérience très puissante.

Pour la petite histoire, comme d’habitude, j’ai eu la chance d’aller voir Monsieur Avery en concert en Novembre dernier à l’Élysée Montmartre, une soirée sous le signe de la trance totale. J’ai par la même occasion découvert Ela Minus en première partie, une artiste électro/gothique colombienne qui mixait + chantait sur ses prods en live c’était magique (petit aperçu de sa musique pour les + curieux). Puis installation full lumières blanches hardcore partout pour Avery, et une bonne heure de live en trance totale : de ses gros classiques ultra dansants à ses productions plus récentes très atmosphériques et dark qui jouent entre le noise et l’ambient.

Et c’est cette ambiance que l’on retrouve au long d’Ultra Truth : un voyage dans les abysses de l’âme et accepter la noirceur, s’y engouffrer et l’explorer, et potentiellement en ressortir pour la lumière.

Vous avez qu’à voir la cover de l’album, comme visage passé sous rayons X avec une vibe très alien, presque poisson abyssal qui glow in the dark, et derrière, le noir complet. Tout commence sur quelques notes de pianos, répétées jusqu’à un véritable mur de bruit, avant d’attaquer notre voyage dans le noir le plus total.

C’est très difficile de lâcher l’écoute une fois l’album commencé, tant l’atmosphère onirique est forte. Comme Avery le dit lui-même, il compte parmi ses inspirations les films de David Lynch, donc niveau onirisme on est sur un standard de qualité. Et ses productions parviennent à créer (en tout cas chez moi) ce même sentiment de rêve étrange, pas cauchemardesque mais dans l’entre-deux.

Tout l’album va jouer sur l’alternance de sons très ambiants et d’autres plus percutants, avec énormément de productions breakbeat, jungle, drum n bass et overall une grosse nostalgie/hommage à la scène rave anglaise des 90s. Il hésite pas à jouer sur les tempo, en proposant des beats au ralenti et des atmosphères très lourdes, où le son paraît venir de très loin, caché derrière une épaisse couche de fumée, qui rend le son flou et nous permet à peine de discerner les rythmes et instrumentations enfouies dedans, le tout accentuée par les sonorités quand même très lo-fi de l’album.

Mais ce qui me marque le plus sur mes écoutes, c’est cette densité sonore qu’il arrive à créer, des murs de sons sur Devotion et sa progression drum n bass ultra émouvante ou encore les passages plus drone comme avec Overflowing with escape. Et même avec cette impression d’être submergé de son sort un feeling fortement réconfortant, des nappes de sons un peu harsh auxquelles l’oreille s’habitue le long de l’album pour se retrouver en chair de poule sur les dernières tracks (#goosebumps).

Et c’est d’ailleurs une expérience que j’avais déjà ressenti lors du concert de Clipping en fin d’année dernière. Leur première partie était jouée par Evicshen, une artiste bruitiste américaine, et donc ma première expérience de noise en live (j’aurais l’occasion d’approfondir à ce sujet un jour). Au départ, c’est ultre déconcertant, dérangeant et même carrément désagréable, genre ça nique les oreilles, mais plus le truc dure, plus l’oreille est habituée et on commence à focus sur la performance de l’artiste (elle s’étranglait avec ses câbles, elle avait un fucking fouet qu’elle faisait claquer enfin bref un délire).

Tout ça pour dire que je commence à bien kiffer les grosses claques sonores dans ma gueule, des nappes de noise bien vénère qui sont clairement cathartique et éveillent les sens, et Daniel Avery arrive à proposer ce feeling en le mêlant à la douceur de magnifiques mélodies, donc juste perfect. Il est aussi bien accompagné, avec pas mal de featurings notamment Kelly Lee Owens ou encore la voix céleste de Haii sur plusieurs sons qui vient accentuer l’onirisme total de l’album. On a aussi des petits interludes vocaux, comme des voix qu’on entendrait à demi dans notre sommeil et qui viennent témoigner comme à un journal intime oral.

Sûrement LE son le plus touchant de l’album : Lone Swordman, hommage à Andrew Weatherhall, qui a fondé le groupe Two Lone Swordmen et qui était proche de Daniel Avery. Un son qui était déjà sorti depuis un petit moment en single, mais qui trouve parfaitement sa place dans cet album très nostalgique et émotif, qui arrive dans la dernière partie de l’album alors que l’on est complètement plongé dans l’expérience sonore. On y retrouve cette basse signature d’Avery : Un son parfaitement rond, très puissant et très propre, je saurais pas comment expliquer mais cette espèce de 808 custom est magique, sur le vinyle c’est encore plus frappant. Et puis cette mélodie envoutante du morceau, enfin bref un masterpiece.

Ce qu’on peut tirer de notre écoute, c’est un grand moment de reconnexion avec nous-même, une heure de voyage dans les abysses de l’âme.

Album très intime, riche de nombreuses inspirations et d’une palette sonore très dense et variée, Daniel Avery nous livre avec Ultra Truth une expérience sensorielle très onirique et introspective : explorer la noirceur pour y trouver la lumière.

Go To The Light.

Ecoutez Ultra Truth sur toutes les plateformes : Spotify, Apple Music, Deezer, Amazon Music, Youtube Music, Qobuz.

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