Est-ce que Lip Critic peut combler mon/votre manque de Death Grips ?

LIP CRITIC - Hex Dealer / Partisan Records / 2024

@ Justin Villar

Le quartet hardcore/electro new-yorkais sortait ce mois-ci son premier album chez Partisan, et c’est tout juste ce dont j’avais besoin comme énergie chaotique.

Confessions d’un fan frustré : 


C’est vrai que depuis que Death Grips sort plus de musique, il y a comme un manque qui s’est créé en moi, et je parle pour tous les fans de Death Grips, que je connais presque tous (sauf 2-3 mecs au Chili sinon le reste, je connais). Ce savant mélange de hip-hop et de punk hardcore bruitiste, largement électronique, faisait d’eux un des groupes, et encore à ce jour, des plus innovants sur ces terrains du hardcore. Après attention, on a tout de même du très lourd qui existe sur ce terrain là, je pense notamment à Machine Girl, qui était peut-être même là avant Death Grips pour proposer sa musique de geekos hardcore excellente. Enfin bref, ce que je veux dire, c’est que j’ai pas retrouvé depuis quelque chose qui cochait les cases que remplissait à mes oreilles Death Grips, ça existe sûrement mais je suis pas encore tombé dessus. 

Ça, c’était avant Lip Critic.

En lisant une de leurs interviews sur Loud and Quiet (que je recommande), je découvre un jeune groupe complètement ouf qui veut s’amuser et foutre le bordel sur scène, évidemment je vais écouter. Ce qui commençait comme un petit groupe de hardcore confidentiel est vite devenu un projet assez respecté sur la scène new-yorkaise, avant de faire des premières parties pour la tournée US de Idles et de signer sur le même label qu’eux, à savoir Partisan, pas dégueu du tout en somme. 

Et c’est donc en plein dans cette dynamique que sort Hex Dealer, premier album du groupe, porte d’entrée vers leur musique, mais faut voir la gueule de la porte. Pochette bien sympa avec une bouche et 2 gros yeux rouges en cut-outs sur fond blanc (les visualizers de l’album reprennent la cover et font bouger le visage comme l’animation des lecteurs dvd en veille, quand on attend que le logo rentre pile dans un coin de l’écran), on comprend déjà que les mecs sont drôles. Puis l’album s’ouvre sur un beat bien agressif et un chant plaintif comme pourrait chanter Dara le frontman de Girl Band puis ça commence à crier et à partir en live, pas de pause pour les 30 prochaines minutes.

C’est très dur de décrire leur musique tant c’est un mélange complètement dingue de breakbeats, hardcore pur et dur et d’influences autant techno que hip-hop. Et tout ça se mélange sans cesse, on n’a pas vraiment un morceau qui fit à un genre particulier, tout ce que je peux vous dire c’est que c’est bien bruyant et frénétique au possible. Et puis, faut aussi préciser que Lip Critic, c’est pas 1 mais 2 batteurs ! Entre batteries acoustiques et programmées, des samplers dans tous les sens et des pads sur lesquels ils s’amusent à fabriquer des sons tous plus dingo les uns que les autres, on est surpris à chaque morceau. D’autant plus qu’ils utilisent énormément de samples, parfois même des samples d’eux-même. On a toute cette essence hardcore punk largement manipulée électroniquement pour donner un résultat imprévisible et haletant sur chaque track. C’est également un groupe aux racines ancrées dans l’improvisation et une grosse culture de la scène, ça se retrouve dans cette sur-manipulation à outrance de chaque son et les paroles pas trop compréhensibles et presque impulsives. Comme ils le disent eux-même, leur intérêt principal réside toujours dans le fait de jouer leur musique devant un public, et de s’amuser avec leurs propres compositions, de les changer, improviser et toujours surprendre, l'entertainment ou rien. Leur image également dégage parfaitement cette énergie : ironie, humour et gros bordel,  on peut les voir parodiant le trader de Wall-Street à la manière d’un Eric Andre ou encore jouer un morceau dans une espèce de chaumière avec des stroboscopes anti-épiléptiques.

Je pense pas pouvoir faire plus pour vous décrire par des mots Lip Critic, il va vous falloir écouter pour apprécier cette dinguerie, mais croyez-moi, ça vaut le détour. 

Quelques recommandations annexes si vous aimez bien Lip Critic : n’importe quel Death Grips (mais je choisis le cd2 de Powers that B), cet album de Machine Girl bien dingue à la cover atroce ou encore le dernier Lustsickpuppy.

Vous pouvez écouter Hex Dealer sur toutes les plateformes : Spotify, Apple Music, Deezer, Amazon Music, Youtube Music, Qobuz.

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