I LAY DOWN MY LIFE FOR YOU, nouveau coup de maître de JPEGMAFIA

JPEGMAFIA - I LAY DOWN MY LIFE FOR YOU / Peggy / 2024

JPEGMAFIA est de retour avec un cinquième album pas facile à cerner aux premiers abords, mais qui se dévoile au fil des écoutes comme un énième coup de maître.


Celle-là je vous la fait en one shot, ça fait 2 jours que je veux me poser et écouter ce nouvel album du PEG mais j’étais en vacances. Et oui, believe it or not moi aussi je me fais plaisir, il faut bien, je me suis baigné et tout miam c’était trop cool. Bref, je sais que ce “blog” est un free space pour moi mais je vous épargne le vlog sur ma life, je me connais je pourrais écrire des pages entières à tout vous raconter, mais c’est absolument pas ce que vous recherchez ici (et je vous comprend).

Si vous suivez un peu l’actu bonjourlemusique, et l’actu musique en général, vous n’étiez pas sans savoir que JPEGMAFIA, le rappeur originaire de Baltimore, légendaire par sa production de fou furieux, ses paroles de mec chronically online et sa violence sans limite, avait annoncé son cinquième album il y a de cela quelques semaines. Le premier single Don’t Rely On Other Men m’avait pas mal marqué, un sample de Succession, des grosses basses et un solo de guitare à la fin, clairement la hype était présente. Le deuxième single beaucoup moins j’avoue, mais j’y reviendrai. 

Et donc ce cinquième album est arrivé ce jeudi premier Aout, intitulé “I LAY DOWN MY LIFE FOR YOU”, je vous offre ma vie. Et effectivement, je m’attendais pas à recevoir un truc si personnel de la part de JPEG, avec ses moments de trance, et ses moments de calme, ça paraît hétérogène et brouillon sur la première écoute, mais c’est vraiment dingue en fait.

Et c’est peut-être pas anodin, ces derniers temps JPEG vient de passer dans une nouvelle dimension en terme de notoriété, enfin il me semble. Quand sortait son album OFFLINE il y a 3 ans, c’était toujours un mec bien niche, genre le gars méga hype dans la sphère zikos d’internet, mais au-delà c’était pas trop ça. Là on voit clairement un engouement bien plus véner pour sa musique, ça stream à balle, son album collab avec Danny Brown Scaring The Hoes a vraiment très bien marché, et là on retrouve Peggy avec des clips ultra bien produits, il sort même un trailer, on le trouve auprès de Kanye sur Vultures, y’a un truc qui a changé quand même. Pareil, ce matin je checkais un peu les playlists de nouveautés sur les plateformes et il est pas mal dedans, bref ça marche bien pour lui visiblement, et ça c’est cool. 

Mais ne vous inquiétez pas, il n’a rien perdu de son talent à produire des sons complètements dingues et imprévisibles, encore plus imprévisibles sur ce cinquième disque (je dis disque comme les vrais chroniqueurs de musique, à l’ancienne).

Et là comment vous dire, dès le premier titre i scream this in the mirror before i interact with anyone, je suis HOOKED. J’ai moi aussi automatiquement pensé au premier titre de Jenny Death de Death Grips intitulé I Break Mirrors With My Face In The United States, qui est plus ou moins une manifestation de crise schizophrénique en musique (allez écouter cet album vraiment). D’ailleurs on le sait, JPEGMAFIA a souvent été comparé à Death Grips, et inversement, certains le confondent avec MC Ride (rappeur du groupe) et ça le rend dingue, à juste titre. Mais les références s’enchaînent, un autre titre de l’album est intitulé Exmilitary, comme la toute première mixtape de Death Grips. Clins d'œil ou coïncidences, peu importe, j’ai pu caser mes 4-5 lignes sur Death Grips je suis content. 

Et dès la première phrase de l’album, je me souviens de pourquoi j’adore ce mec : “If I Was an NBA player, I’d be Dillon Brooks, but worse”. Pour un peu de contexte, Dillon Brooks c’est un peu la bête noire de la NBA, le gars qui fout la merde, qui crée des embrouilles sur le terrain, qui ouvre sa gueule tout le temps, genre vraiment la menace. Ça lui a d’ailleurs valu beaucoup de critiques, puis surtout qu’il a pas assuré de ouf quand il était encore chez les Grizzlies en Playoffs, genre il a narguer Lebron en mode jvais le bouffer etc, et au final il s’est fait dominer le cul. Bref, tout ça pour souligner cette phrase d'accroche que je trouve trop drôle, actuelle, et parfaitement fitting pour le personnage. Une autre phrase juste dingue qui m’a fait exploser de rire, gratos je vous la met là : “Ni***s' net worth be like seventeen bucks while they begging for feet pics from shortys I been in”.

Dès le premier titre, on comprend que les productions vont passer du coq à l’âne tout du long, il en joue d’ailleurs “fifty beat switch in a minute they gon’ put me in the Guinness”. Et effectivement, des changement de beat, on va s’en tapper, et c’est peut-être ce qui en fera lâcher plus d’un(e) de vous. La guitare électrique est très présente dans cet album, avec des bons gros riffs de heavy samplés (ou pas) comme sur vulgar display of power, en référence à l’album de Pantera du même nom, ou sur Jihad Joe. Sin Miedo, le deuxième titre que j’avais pas tant kiffé en single, se révèle être un pur banger en réalité. Une prod ultra nerveuse et rapide digne d’un pur mix de dariacore (cliquez ici pour écouter, c’est vraiment trop fun comme son, vous voyez la façon dont le rythme est coupé ? C’est clairement la même chose). 

Évidemment, la production de JPEG rime généralement avec une utilisation ultra riche de samples, mais là on atteint un niveau supérieur, parce qu’il sample des trucs connus, ou en tout cas des trucs qui doivent valoir de la thune, donc ça veut dire qu’il a potentiellement payé des jolis billets pour avoir certains extraits. Notamment Janet Jackson sur le dernier titre, Future sur New Black History ou encore le même sample que le WU-Tang avait utilisé sur Tearz, qui est ici ralenti et quasi-drumless pour laisser PEGGY rapper sur ses ex (je viens de capter le jeu de mot ex-military et le fait qu’il parle de ses ex, mais aussi parce que c’est un ancien militaire, trop fort).

On a aussi deux gros featurings avec Vince Staples et Denzel Curry, Denzel étant une inspi majeure de JPEG selon ses propres dires. Les deux viennent poser des purs statements, ça kick à l’ancienne, en mode efficace. D’ailleurs le feat de Denzel a une prod qui pourrait clairement parler à genre Earl Sweatshirt ou genre Mavi, MIKE ou encore Mach Hommy. 

En fait l’album est pas si violent que ça, du moins pas autant qu’on pourrait s’y attendre avec JPEG. Pas mal de sons sont plus laid back, avec des prods plus lentes ou plus douces, certaines avec carrément des cordes et des chœurs, son style de production se diversifie de ouf, en direct live sur la durée de cet album. On a même des samples de funk brésilienne sur it’s dark and hell is hot (ref à DMX) et du RNB avec un sample de Jade sur I’ll be right there. Bref, le mec sait être mellow ou ultra agressif, parfois les deux dans un même titre, en mode yoyo, c’est magnifique. 

Mais bon si y’a bien un truc qui ressort en terme de sujets abordés, à part le hating habituel et les diss, ça reste les meufs. Je sais pas ce qu’il a vécu récemment, mais il a dû se faire larguer ou vivre une déception amoureuse véner, et il en parle pas mal. Ça donne lieu d’ailleurs à mes sons préférés de l’album. Exmilitary avec cette inspi de Tearz et une deuxième partie du titre à la prod sublime, quasi pas rappé au final, ou encore either on or off the drugs et son sample de blues trop beau (je suis dégouté c’est samplé sur une IA ! Genre c’est même pas un vrai titre je me suis fait avoir, on est foutus). Y’a de bons gros passages ultra mélodiques et juste magnifiques dans cet album, bien plus que ce à quoi il nous a habitués jusqu’à présent, merci pour ça (le couplet de Buzzy Lee par exemple, trop beau). 


Enfin bon voilà, déçu sur ma première écoute, conquis dès la deuxième. C’est un album qu’il va falloir écouter plusieurs fois pour tout assimiler tant il est riche : Peggy déroule un panel de production juste fou de diversité : riffs de heavy metal, samples hauts de gamme et arrangements, sur lesquels il vient poser/crier des paroles toujours plus subversives que jamais en se confiant néanmoins un peu plus sur lui qu’on en a l’habitude.

J’ai déjà bien trop écrit là, le reste du boulot c’est à vous de le faire. Allez streamer I LAY DOWN MY LIFE FOR YOU, vous risquez de ne pas regretter.

Vous pouvez écouter I LAY DOWN MY LIFE FOR YOU sur toutes les plateformes : Spotify, Apple Music, Deezer, Amazon Music, Youtube Music, Qobuz.

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